Il était une fois... Epique


Il était une fois... Epique

Je devais avoir 11/12 ans quand j’ai lu pour la première fois "DRACULA" de Bram STOCKER et c’est comme ça que je suis « tombée » dedans (comme Obélix et la potion magique).
A 14 / 15 ANS, une amie de théâtre, à qui j’avais dit que j’étais fan du personnage du vampire, m’avait conseillée de lire "ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE" d’Anne RICE et c’est à ce moment que je suis tombée amoureuse du mythe littéraire. Je me suis mise à dévorer tous les livres et films que je pouvais trouver sur le sujet. J’ai donc continué avec Anne RICE et son "LESTAT LE VAMPIRE" et pour moi Lestat est l’essence même du mythe : glam’ à souhait, sexy, pervers et vicieux (mais dans le bon sens du terme) et malgré tout il a toujours son âme en lui. Aujourd’hui encore, je me passionne pour ses aventures avec les "CHRONIQUES DE VAMPIRES". Et biensûr, comme tout le monde, je me suis laissée happer par la série "TWILIGHT" de MEYER.

Pourquoi aujourd’hui, je vous parle de cette passion ?
Parce que depuis octobre 2009, j’écris une histoire sur les vampires. Et ne vous laissez pas tenter de croire que je surfe sur la vague TWILIGHT, car cela fait un moment que j’y pense.
En fait, grande lectrice que je suis et « scribe officiel » de ma famille, mon père m’a demandé, un jour d'automne, pourquoi je n’écrirais pas une histoire sur un thème qui me passionne : après tout je suis (peut-être) aussi douée que d’autres...Mon frère m’a énormément aidé sur le sujet en me donnant le fil rouge, me relisant et m’aidant dans mes idées.

Et me voilà, aujourd’hui, entrain de vous présenter ma trilogie (tant qu’à faire) : "EPIQUE" .
J’ai donc décidé de créer ce blog afin de vous faire partager mon aventure et d’y publier mes textes pour avoir votre opinion et de faire de cette histoire une belle histoire et dont les gens aimeraient lire.
Je ne dis pas que je serais un jour publiée, mais qui sait …

Alors n’hésitez pas à me faire part de vos opinions et idées et n’ayez pas peur d’être franc et honnête envers moi (au contraire).

Merci …

PS : pour vous inscrire à la newsletter d'EPIQUE, merci d'envoyer votre adresse mail à trilogie-epique@hotmail.fr

31/12/2010

Extrait Chapitre 16...



Impossible de trouver le sommeil.

L’air est chaud et humide. J’ai l’impression d’être dans une étuve. Voilà près d’une heure que je recherche désespérément la fraîcheur dans mes draps et que je n’arrive pas à m’endormir. Tout ça sans compter le clair de lune dont les volets entre-ouverts diffusent les rayons. C’est à se demander si j’ai bien éteint la lumière. Et puis ce silence… Aucun bruit ne résonne dans la vieille bâtisse provençale, ni à l’extérieur. Tout cela a le don de m’énerver légèrement. J’essaie de me concentrer sur ma respiration pour me relaxer. Au bout de quelques minutes, je me sens beaucoup plus détendu et commence à somnoler.
- Non ! Au secours !
Qu’est-ce que c’était ? Je me réveille en sursaut. J’ai cru entendre quelqu’un crier. Je m’assieds sur mon lit et tends l’oreille. Rien. Juste le silence. J’ai cru reconnaître la voix d’Alanna. J’ai sûrement dû rêver puisque elle est chez elle avec la petite.
Je me recouche et me concentre de nouveau sur ma respiration. Mais qu’est-ce qu’il fait chaud ! C’est infernal.
- Harrisson ! Aide-nous !
Cette fois-ci, je n’ai pas rêvé et il s’agit bien d’Alanna. Je me précipite hors de ma chambre.

Mais qu’est-ce que je fous là ?

Je me fige un instant en découvrant où je me trouve. Il n’y a pas deux secondes, j’étais dans ma chambre en Provence. Et là, je suis à plus de sept cent kilomètres… aux pieds de l’immense escalier de notre hôtel particulier parisien. Instinctivement, je me retourne. C’est bien le hall d’entrée. Je ne comprends pas. Comment ai-je pu arriver là ?
Toute la maison baigne dans l’obscurité. L’interrupteur ne fonctionne pas.
- Hé ho ! Y a-t-il quelqu’un ?
Pour toute réponse : l’écho de ma propre voix qui résonne dans toute la demeure. Je remarque qu’aucun meuble, ni tableau, ne décore l’entrée. La pièce est totalement vide. Il n’y a pas de rideau aux fenêtres et même l’imposant lustre de l’escalier a disparu. Une épaisse couche de poussière tapisse le sol et les marches de l’escalier. On croirait que personne n’a vécu en ces lieux depuis des décennies. Je n’entends rien. Un silence de cimetière règne dans toute la maison. On pourrait presque entendre les morts reposer en paix. Une impression bizarre m’envahit. J’ai une mauvaise intuition. Une boule d’angoisse crispe mon estomac. J’observe les escaliers. « Ça » vient de là-haut. Je m’avance doucement et pose mon pied sur la première marche. C’est alors que mon cœur se serre comme s’il allait imploser.
- Harrisson ! Je t’en supplie !
- Alanna ! J’arrive ! N’aie pas peur !
Je gravis les marches aussi vite que je peux. Dieu que c’est long ! Je ne me rappelle pas qu’il y en avait autant. Je n’en vois pas la fin… Au fur et à mesure que je monte, j’ai de plus en plus froid. Enfin, j’arrive en haut de l’escalier.

Mon cœur s’emballe, je suis complètement essoufflé. J’ai l’impression d’avoir escaladé l’Everest. Un froid glacial finit par me paralyser. Une grande tension plane à l’étage. Elle s’empare de mon corps, m’empêchant de faire le moindre geste. Il fait froid, il fait noir… et il règne une odeur putrescente et répugnante !
Elle m’envahit le nez. J’ai la sensation que cela émane du fond du couloir, plongé dans l’obscurité la plus totale. Oh Seigneur ! Des rires sinistres viennent briser ce silence de plomb. Ils proviennent du même endroit que cette horrible puanteur. C’est alors qu’ils redoublent d’intensité, je suis même obligé de me boucher les oreilles. Ils me glacent le sang. Des milliers de frissons me parcourent le corps et je peux vous jurer, qu’à cet instant, ce n’est pas à cause du froid glacial et oppressant.
Aux rires morbides viennent se mêler des pleurs. Mais à qui sont-ils ? Oh mon Dieu ! Eireen.
Ses pleurs me déchirent le cœur et l’âme. L’idée qu’on puisse lui faire du mal me délivre de ma torpeur. Je trouve alors le courage de me libérer de cette maudite emprise et me précipite dans le couloir. Il y fait sombre et je ne vois rien. Qu’importe où il me mène, j’y vais quand même. Tout ce qui compte, c’est Eireen et Alanna.
Mais bon sang ! J’ai la vive impression que je fais du surplace et que ce couloir fait des kilomètres de long. Enfin, je sens que je m’approche de « la salle de tortures ». J’ai de plus en plus froid et cela sent encore plus mauvais. J’arrive devant une porte d’où filtre une petite lueur blanche. Je suis là, devant. Elles m’attendent là, derrière. Je suis là pour les sauver de je ne sais quels monstres. Et pourtant…


Pourtant, je reste là, les yeux vrillés sur la poignée. Paralysé par la peur de découvrir ce qui se trame derrière cette porte. Il me semble que je pourrais demeurer ainsi toute une éternité. Mais putain, bouge Harrisson ! Va les libérer !
- Harry ! Harry !
Les cris d’Eireen me réveillent et je me saisis de la poignée… Mais pas moyen d’ouvrir cette satanée porte. Merde ! Alors, je prends mon élan pour défoncer la porte. Je pénètre avec fracas dans la pièce. Une vive douleur s’empare de mon épaule.
Puis je lève les yeux. Les mots me manquent pour décrire ce que je découvre. Impensable. Même dans mes pires cauchemars, je n’aurais imaginé une telle scène…
Ce qui me frappe en premier ? Le décor de cette monstrueuse mascarade. Du sol au plafond, tout est immaculé de blanc. Mes yeux mettent d’ailleurs quelques secondes à s’y habituer. Tout ce blanc ne fait qu’accentuer l’horreur qui se dessine devant moi. Alors, le temps se suspend et, comme dans un film au ralenti, je découvre la scène qui se joue sous mes yeux épouvantés.


Alanna est aux prises avec un homme et une femme. L’homme la maintient en lui bloquant les bras dans le dos. Tandis que sa partenaire semble prendre un malin et vicieux plaisir à lacérer son visage de ses griffes, sous les encouragements de son compagnon.
Ils se ressemblent presque trait pour trait. Malgré leur allure de psychopathes, ils dégagent une certaine classe. Ils sont tous les deux grands, bruns et élancés, et ils sont élégamment vêtus de noir. Lui, les cheveux impeccablement coupés, et elle, de magnifiques boucles lui tombant sur les épaules. Et leurs yeux… Effroyables ! Leur teint cadavérique fait ressortir leur regard sanguinaire. Des yeux injectés de sang. Je suis comme fasciné par leur beauté profane. Je les trouve diaboliquement beaux et malgré moi, je reste captivé par le funeste spectacle qu’ils m’offrent.
Je secoue finalement la tête pour retrouver mes esprits. Des yeux, je sonde la pièce… Aucune trace d’Eireen. Pourtant, je suis sûr de l’avoir entendue pleurer et m’appeler. Je reporte alors mon attention sur Alanna et ses bourreaux.
Aucune peur ne transparait dans les yeux de mon amie, mais de la pitié. Du regard, elle me supplie de l’aider. Mon cœur se serre et je ressens une immense colère. Alors, je fonce droit sur le couple démoniaque… Mais de ses yeux pervers et inhumains, l’homme me pétrifie dans mon élan. Un immense sourire vicieux étire ses lèvres et « sa femelle » part dans un éclat de rire si strident et aigu qu’il pourrait briser du verre en mille éclats. Alanna est maintenant effrayée, mais aussi résignée. Moi aussi, je le suis. Nos regards se croisent et nous savons quelle fin va avoir cette affreuse pièce de théâtre.

La démone finit de jouer avec Alie. Elle qui avait un si joli visage, désormais elle est toute défigurée. Et je ne reconnais plus mon amie. Cette vision m’écœure et je tourne la tête pour tenter de l’oublier. Le démon jette violement le corps d’Alanna à terre. Cette dernière rampe jusqu’à moi.
- Harrisson, pitié… Aide-moi, me supplie-t-elle en larmes.
Je voudrais tellement l’aider. Mais je suis toujours tétanisé par le regard du « mâle luciférien ». Sa compagne et lui se regardent amoureusement et échangent un baiser langoureux. Répugnant ! Puis ils plongent leur regard malsain dans le mien et sourient. Ils rient même à pleins poumons maintenant.
- Aaalllaaannnaaa, susurre la diablesse en rampant lentement jusqu’à elle.
Elle finit par lui planter ses griffes dans la jambe et la tire à elle. Alanna pousse un cri effroyable et insupportable. Elle gît désormais aux pieds du couple pervers qui arbore toujours ce putain de sourire macabre. C’est là que je les vois pour la première fois. Dans leur sourire de fous, toutes dents dehors, leurs canines s’allongent doucement. Je garde la bouche ouverte, mais aucun son n’en sort.
Et d’un seul coup, les diables se jettent tous crocs en avant sur le pauvre corps d’Alie. Ils restent de longues minutes ainsi. Je les entends même glousser et pousser des gémissements de plaisir. Et les cris de douleur d’Alanna m’arrachent le cœur. C’en est trop… Je ferme les yeux et me bouche les oreilles. Au bout d’un instant, qui me paraît être une éternité, je rouvre les yeux et libère mes oreilles. Alanna a cessé de crier. Tout ce que je perçois, c’est le couple machiavélique, toujours avachi sur le corps de mon amie, qui déglutit goulûment. Puis, lui se relève enfin.
- Mon amour ? Cela suffit…
- Mais c’est tellement bon et délectable, lui répond-elle, la tête enfouie dans le cou de sa victime.
Elle se relève à son tour. Tous les deux me sourient et j’aperçois un petit filet de sang qui dégouline au coin de leurs lèvres et sur leur menton. La démone se lèche les lèvres de façon obscène et fait de même avec celles de son compagnon. Quelle horreur ! Mon attention se porte sur Alanna. Son corps est maculé de sang. Ne me dites pas que…
- Alanna ! Alanna, tu m’entends ? Répond-moi, Alie Chérie !
L’homme rit et se penche sur elle.
- Ne l’approchez pas ! Je vous l’interdis !
Il lui ramasse le bras et le laisse tomber comme du plomb. Il incline la tête et me sourit.
- Désolé. Mais je crois bien qu’Alie Chérie n’est plus… Elle est montée au Paradis, dit-il en battant des bras pour mimer son envol vers les Cieux.
Oui, il a raison. Mon Alie est bel et bien morte. Ces ordures l’ont saignée et totalement vidée de son sang !

Le démon la saisit par la cheville et il est rejoint par sa compagne. Ils s’embrassent. Ils me regardent, me sourient et me tournent le dos. Ils disparaissent dans les méandres des ténèbres, traînant le pauvre corps d’Alanna derrière eux. Et moi, je suis toujours immobile. Et moi qui n’ai pu la sauver. Tu n’es qu’un sale lâche, Harry ! Je me frappe la tête à coups de poing. Puis une sensation étrange m’envahit. J’ai la nausée et je vomis. C’en est trop pour moi.


- Harrysson…
J’entends que l’on m’appelle d’un ton mielleux et avec une pointe de perversité. Puis quelqu’un rit. J’ouvre les yeux.
- Eireen…, fais-je dans un murmure fataliste en la découvrant dans les bras d’un troisième individu.
Cependant, je sais que ce n’est pas elle qui vient de m’appeler. Mais l’être qui la retient prisonnière. Le regard de la petite fille est noyé sous les larmes. Que ne donnerais-je pas pour lui faire oublier cet horrible drame ! Elle aussi semble résignée, car elle ne se débat pas dans les bras de la créature. Je ne peux m’empêcher d’avoir un pincement au cœur en pensant à sa mère. Et je me mets à pleurer silencieusement.
- Non, Harry ! Ne pleure pas, s’il te plaît, me demande Eireen d’une voix imprégnée de tristesse.
A cet instant, elle est tellement plus courageuse que moi. J’admire sa force et la foi qu’elle me porte.
- N’aies pas peur. Tout se passera bien. Je te le promets, m’assure-t-elle.
Alors, l’être démoniaque se met à rire très fort. Son rire est encore plus torturant que celui de ces camarades. Mon petit trésor est obligée de se boucher les oreilles.
- Ne rêve pas ! Au contraire, tout va mal, même très mal, se passer ! Harrysson…, dit-il en susurrant mon prénom, de façon écœurante.
Une partie de moi en est persuadée.


Le monstre diabolique est plus petit que les deux premiers. Je n’arrive pas à voir son visage, il est caché sous une capuche. L’être est vêtu d’une longue cape noire. Cependant, une odeur nauséabonde me parvient. Il me semble la reconnaître. Alors, je me remémore toutes mes précédentes visions. Cette odeur putride, je pourrais la reconnaître entre toutes. C’est l’infect parfum de l’ange machiavélique de mes cauchemars. D’une main, il se découvre... Oui, c’est bien lui. Il me sourit. Et lui aussi, il arbore de longues canines. L’éphèbe pervers se lèche lentement les lèvres et les dents.
Puis, il s’approche prudemment, Eireen toujours dans ses bras. Je tente de la lui prendre… mais je suis toujours sous l’emprise de l’autre démon. Le diable ressert son étreinte sur l’enfant, comme s’il voulait la protéger de moi. De moi ? Mais je suis bien incapable de lui faire du mal. Il se rapproche de moi, encore plus près. Et son odeur me soulève le cœur. En fait, c’est toute l’aura qu’il dégage : nauséabonde, dangereuse et malsaine.
- Tout va… très mal se passer, déclare-t-il dans un ton solennel. Tu ne pourras rien faire pour empêcher ce qui se profile à l’horizon. Tu n’es pas assez fort.
Puis il se met à rigoler doucement. C’est faux ! Je ne suis peut-être pas assez fort. Mais j’ai bien l’intention de me battre jusqu’au bout… jusqu’à la mort s’il le faut. Une fois que je serais sorti de cette vision. De ça, j’en suis plus que conscient. Mais je ne peux pas ignorer les sentiments et les sensations qui m’animent ou que je ressens en cet instant.

Il se recule et du bout du bras il tend devant lui le petit corps d’Eireen, par le cou.
- Lâchez-la ! Vous m’entendez, lâchez-la !
- Ça suffit ! crie-t-il. Tu ne peux pas la sauver. Ne comprends-tu pas qu’elle va mourir ? Qu’elle DOIT mourir ? Tu m’as pris ce que j’avais de plus cher, ce n’est que justice, rajoute-t-il plus bas dans un murmure.
A ces mots, il étire encore plus ses canines et…
- Non !
L’éphèbe démoniaque plante ses crocs dans le petit cou de mon Eireen, qui se débat. Il plonge son regard dans le mien et me fait ressentir à quel point le sang de l’enfant est des plus délectables. Puis, il ferme les yeux et, du fin fond de son être, je l’entends rugir de plaisir. Alors mon Eireen, l’étoile de ma vie, ne se débat plus. C’est la fin… Sa fin.
L’abominable créature relève la tête et balance le petit corps sans vie de l’enfant à mes pieds.

Je ne le quitte pas des yeux, nos regards s’accrochent. Et je peux voir son âme. Elle est noire, machiavélique, vicieuse. Cependant, j’y décèle une faille. Comme si quelque chose s’était brisée en lui. Il a dû vivre un très grand drame pour être devenu aussi cruel. Et l’espace d’un instant, j’éprouve de la pitié pour lui.
Le diable s’essuie la bouche du revers de la main et se la lèche. A ma mine dégoutée, il me sourit. Ses canines ont repris leur « taille normale ». Puis, il se rapproche de moi.
- Un jour, tu m’appartiendras, Harrisson, déclare-t-il avec une infinie douceur ce qui me fait légèrement sursauter. Oui… Tu seras à moi, corps… et âme.
Puis l’ange sanguinaire ramasse Eireen et me la pose délicatement dans les bras. Il saisit son poignet et le hume.
- Toi aussi, tu connaîtras cette soif irrépressible. Elle sera… ta raison d’être et rien ne comptera plus.
Puis la monstruosité, le meurtrier de ma Princesse Celtique s’évanouit à son tour dans le néant. Je peux à nouveau bouger. Mais je reste immobile, le corps d’Eireen toujours dans mes bras. Réalisant, bien que je sache que je rêve, que ma vie est anéantie.


Je m’écroule…
Je serre Eireen tout contre moi. Son corps est froid, presque glacé. Le rose de ses joues a disparu. Mon Eireen est blanche. Cadavérique. Puis, je les remarque. Deux petits trous sur son cou, d’où le sang continue de s’échapper légèrement. J’y appose ma main pour stopper l’écoulement.
Je le cherche. Mais je ne le trouve pas… Je ne sens pas son pouls. Je la secoue doucement et, tout près de son oreille, je l’appelle tendrement. Mais elle ne me répond pas. Sa blessure ne saigne plus. Et les deux petits trous sont cernés par du sang séché. Mon Eireen… Elle qui était l’essence même de la vie. Désormais, elle n’est plus. Elle est… morte.
Oh mon Dieu ! Eireen est MORTE !!!
Je la serre très fort, comme si j’essayais en vain d’empêcher la vie de quitter son petit corps. Alors, je me mets à crier de toute mon âme, mais aucun son ne sort de ma bouche. Elle est morte… Elle est morte… Elle ne reviendra plus. Et un immense chagrin me submerge. Jamais je n’ai ressenti une aussi grande détresse. Sa perte est encore plus douloureuse que celle de mon pauvre père. Elle n’est en rien comparable à mon accident en Afrique. Je ne peux le supporter. Je suis pris de spasme. Je voudrais pleurer, mais n’y arrive pas. A cet instant, j’ignore comment je pourrais vivre sans elle. Je viens de perdre l’être que j’aimais le plus au monde.

Au bout de quelques minutes qui s’éternise, je retrouve mon calme… et une certaine sérénité me gagne. Bizarrement, mon cœur est plus léger, comme si on venait de me retirer un poids. Oui, je suis soulagé maintenant. Je ne n’aurais plus à m’inquiéter continuellement pour Eireen. Je me sens libre. Et étrangement, je ne ressens aucune culpabilité.

C’est alors qu’une odeur de rouille me chatouille le nez. Je grimace… Du sang. Je hume l’air et je constate que cette… subtile senteur émane de la blessure d’Eireen. Inconsciemment, je prends une grande goulée d’air. Et l’arôme sanguin s’empare de mes sens. Machinalement, je porte ma main ensanglantée au nez. Oh Dieu que c’est divin… Ma gorge me brûle et, bientôt, c’est tout mon corps. Chaque parcelle en est imprégnée. L’odeur du sang… De SON sang. Il exalte mon être et mon âme.
Je suis sûr qu’il doit avoir un goût exquis et enivrant. Je voudrais tant le goûter, le savourer. Mais une petite voix me le déconseille. Pourtant, je ne l’écoute pas et brave l’interdit. Je m’apprête à lécher délectablement ma main, quand la voix se fait plus claire et plus forte. Elle gronde…
- Harrisson ! Non !
- Qui ose ? je crie outré, et un grondement sourd s’échappe de ma gorge.
Maria apparaît. Elle rayonne. En fait, je décèle sa force et son pouvoir. Elle est fabuleuse. J’en oublie même de respirer.
- Harrisson, ne fais pas ça, me conjure-t-elle d’une voix calme et douce.
Alors, elle s’approche de moi. Elle me caresse tendrement la joue. Oh… Mais que suis-je entrain de faire ? Seigneur, j’allais goûter le sang d’Eireen. Quelle horreur ! Ma soif s’en va aussi vite qu’elle a surgi. Je n’ai plus la gorge en feu. Je me sens plus calme.
- Harrisson ? Ecoute-moi…
J’ignore Maria et préfère rester replié sur mon chagrin qui est revenu. J’étreins le corps inerte de mon étoile.
- Harrisson ! Réveille-toi ! Ceci n’est pas la réalité. Tu m’entends ? Eireen n’est pas morte. Elle est là, tout près de toi.
Eireen s’évanouit de mes bras. Elle a disparu. Je plonge mon regard dans celui de la jeune femme. Et je me perds dans les profondeurs de ses yeux bleus. Maria me secoue violement.
- Harrisson ! Réveille-toi, Eireen a besoin de toi. Tu dois la protéger. Je t’en supplie.
D’un seul coup, je sors de mon torpeur. Ç’en est fini de cette insoutenable vision. Un mot me hante, m’obsède, me harcèle… Il est trop fort… trop puissant… VAMPIRE.


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Voeux 2011

Je vous souhaite A toutes & tous
Une trEs bonne annEe.
Que 2011 voit se rEaliser TOUS vos rEves
MEme les plus fous.




Je voudrais tous vous remercier pour votre soutien et vos encouragements. Voir que le nombre d’adhérents à la page d’Epique ne cesse d’augmenter est une réelle motivation. Et pourtant je vous ai fais partager que très peu d’extraits de mon livre (mais je compte bien y remédier rapidement).

Je voudrais remercier plusieurs personnes qui comptent pour moi et qui m’aident dans mon projet.
Tout d’abord mon frère, Ludo, sans qui cette aventure – je crois – n’aurait jamais vu le jour. Nos brainstormings, aussi délirants et fantasques soient-ils, me procurent beaucoup de joie et quelques fois se révèlent être une vraie source d’inspiration.
A Christine, ma krikri d’amour qui ne connaissait pas le genre littéraire vampirique. Ma krikri qui prend de son temps pour me corriger et me relire. Un soutient inconditionnel.
Puis à ma louloutte, Nathalie, ma première lectrice. Mon Alice, ma fan des premières heures et ma cop’s de lycée sans le savoir (vive facebook n’est-ce pas ?). Une amie, une vraie, comme on en trouve que très rarement.
A Marina, ma belle-sœur Winchester, tout comme Nat’ une de mes premières fans et ma deuxième lectrice. Merci pour ton soutien et pour nos débats sur(per)naturels… J’ai trouvé une amie extra et formidable.
Merci à Claire, ma sœur virtuelle. Mon autre correctrice. Merci pour tout le temps que tu passes sur mon roman.

Et un remerciement tout particulier à mes coupines de la Team Isis.
Quand j'ai commencé mon projet, je n'aurais jamais cru qu'Ecrire me passionne autant. Toute la journée, je ne fais qu'y penser... Certains matins, la première chose à laquelle je pense est Ecrire ! Le week-end, allumer l'ordi pour pouvoir assouvir mon envie est la première chose que je fais au saut du lit ! Une vraie junky !!!!!
Et aujourd'hui, je suis très heureuse de partager "ma drogue" (ma propre marque d'héroïne, dixit un célèbre vampire), qu'est Ecrire, avec des personnes aussi merveilleuses, sensationnelles et généreuses que les membres de la Team Isis. Les avoir toutes rencontrées est un vrai bonheur.
Nous partageons toutes cette passion, obsédante et dévorante quelques fois, mais pas seulement... 
Et je suis fière de pouvoir compter parmi mes amis cinq auteurs talentueuses. Les lires me motivent encore plus pour mon propre roman !
Merci à vous 5, mes junkies littéraires préférées !!! Je vous adore...

XoXoXo
Alexandra R.
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27/12/2010

Season Greetings !

Bonjour à tous !

J'espère que vous avez passé un super Noël et que vous avez été tous gâtés (je ne doute point que vous fûtes très sage durant toute l'année...).



Je suis enfin arrivée à la moitié de mon roman. En effet, je viens de clôturer le chapitre 18 de ce premier tome. J'vous rassure de suite (surtout pour ceux qui lèveraient les yeux au ciel), "Renaissances" ne fera pas 36 chapitres. C'est juste que la première partie de ce premier tome est un peu plus longue que la seconde. Je pense qu'il y aura une trentaine de chapitres en tout, sans compter le prologue et l'épilogue.

J'avais décidé de m'octroyer une pause, pour me consacrer à une première relecture et correction de ces 18 premiers chapitres. Mais finalement, je n'ai pu tenir que 3 semaines. Ecrire me manquait trop. Non, mais vous avez vu l'accro ? Une vraie junky !!!!!

J'ai donc attaqué l'écriture de la seconde partie de mon roman. Elle sera plus sombre, plus sanglante que la première. Je vais pouvoir laisser libre court à mon côté sadique !!!! 'o' 'o' 'o'

Mais je vous réserve une surprise pour la fin de l'année...

A très bientôt !
XoXo Alexandra R.

PS : n'hésitez pas à parler autour de vous de mon blog et laisser vos commentaires. Merci .
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12/11/2010

CHAPITRE UN...

Salut,

Et voici le premier chapitre, intégral, de "RENAISSANCES". Je tiens à préciser que ce n'est pas définitif et qu'il sera, sûrement, modifié et corrigé par la suite.

Alors, tous à vos comm's ! 

Mais surtout : enjoy it !!!

XoXo Alexandra R.



H


Écrasante.


Impossible de dormir par cette chaleur, écrasante et insupportable. Voilà plus de deux heures que j’essaie de m’endormir afin de récupérer des évènements de la nuit dernière. Sous ma tente, j’ai l’impression d’être dans une fournaise. Je cuis littéralement. J’ouvre les yeux et m’assieds sur mon lit. Du revers de la main, j’essuie mon front en sueur et pose un regard sur ce qui me sert de domicile. Mon humble demeure n’est pas d’un immense confort mais assez grande pour une seule personne : une petite armoire récupérée dans un surplus de l’armée ; sur une table qui fait office de bureau trônent mon ordinateur portable, une vieille lampe ainsi qu’un amas de papiers prêt à s’effondrer. J’ai connu mieux question literie, mais je me suis vite habitué à mon lit de camp et à mon « petit chez moi ». Bien que j’apprécie la compagnie de mes collègues, j’aime être seul de temps en temps et avoir un endroit rien qu’à moi.

Il faut que je sorte de là, que j’aille respirer l’air frais… et que j’essaie d’oublier les horribles souvenirs de la veille. A plusieurs reprises, j’ai été témoin d’atrocités, mais celle que nous avons vécue hier soir n’a pas d’équivalent. Nous avons été réveillés par un ballet d’hélicoptères en provenance de la Sierra Leone. Je revois encore les centaines de familles de réfugiés accourir vers les appareils, paniquées à l’idée que l’un des leurs s’y trouve. Nous avons tous été choqués en découvrant que les blessés rapatriés étaient des enfants mutilés ou gravement blessés. Pour quelques-uns, les secouristes avaient dû pratiquer des amputations. Dans la précipitation du sauvetage, on les avait soignés tant bien que mal et certains avaient besoin d’une prise en charge urgente. Même si cette idée me faisait horreur, nous avons été obligés de confiner les réfugiés dans le camp, l’hôpital étant à l’extérieur, afin de s’occuper des enfants rapidement et efficacement.

Aaar ! Je n’en peux plus de cette chaleur et de ruminer ces mauvais souvenirs. Je m’habille et sors de ma tente. Malgré la fin d’après-midi, la clarté de l’extérieur m’aveugle et il faut quelques minutes à mes yeux pour s’y habituer. Je décide de marcher un peu à travers les allées des baraquements. Il fait encore chaud en cette fin de journée, mais l’air est plus respirable que sous ma tente.
Tout est revenu à la normale, enfin aussi normale que puisse être l’ambiance d’un camp de réfugiés durant une guerre civile. Une fois tous les petits blessés soignés, la tension et la panique, qui avaient régné chez les réfugiés, étaient retombées et ils avaient retrouvé leurs occupations. Devant une tente, une petite fille trône telle une déesse africaine, par terre entre les jambes de sa grande sœur qui lui tresse les cheveux. L’enfant me sourit, mais son regard garde l’amertume et la tristesse du drame qu’elle a vécut. Un peu plus loin, sous un abri de fortune, les membres d’une tribu savourent un maigre repas cuisiné avec tout l’amour de leur mère. Lorsque je la regarde, entourée des siens, je remarque que les affres de cette horrible guerre qui l’a rendue veuve ont marqué à jamais son visage, son corps et son esprit. Mais je reste admiratif devant sa détermination à garder unie sa famille malgré tout.
Les gens me saluent. Ils m’expriment leur gratitude pour l’aide que nous leur apportons. Certains veulent me remercier en m’offrant le peu d’objets de valeur qui leur reste, mais je refuse poliment.

Notre camp est situé dans le centre de la Guinée, dans la région de Dabola. La principale ligne de chemin de fer, traversant le pays d’ouest en est, y passe. La ligne relie Conakry à l’ouest, capitale de la Guinée, à Kankan à l’est, deuxième plus grande ville du pays, ce qui nous est très pratique pour recevoir l’aide humanitaire et le matériel envoyés par nos ONG. Dabola est à plus de trois cents kilomètres de Conakry, mais proche de la frontière nord de la Sierra Leone. Très vite, de nombreux hélicoptères qui rapatrient des victimes sierra léonaises, ont arrêté de passer par Conakry pour venir directement à Dabola. Même si la ville ne compte qu’à peine vingt mille âmes, notre camp, lui, ne désemplit pas, et c’est de pire en pire depuis quelques mois. Notre « royaume » est partagé en trois « régions ». A l’ouest, la piste d’hélicoptères nous sert pour accueillir les réfugiés, mais également recevoir les matériels et aides humanitaires acheminés par camions. Le long de la piste, s’imposent l’hôpital et nos quartiers avec un confort certes minime, mais bien apprécié, sans oublier les réserves nécessaires à la vie du camp. La troisième et dernière parcelle à l’est, la plus grande, est celle des réfugiés. D’instinct, ils se sont réunis par tribus ethniques. Au début, j’ai trouvé cela un peu dommage et j’ai pensé que cette terrible guerre, qui touche tous les peuples, aurait pu les unifier. L’ONU nous a attribué quelques casques bleus pour faire régner l’ordre et protéger l’hôpital et les réserves. Mais malgré leur présence, les réfugiés de Dabola sont libres d’aller et venir où ils le désirent, excepté la nuit.

Je continue ma promenade et me rappelle les raisons pour lesquelles j’ai choisi de devenir Médecin Sans Frontières.


Il y a cinq ans de cela, j’étais interne aux urgences d’un grand hôpital parisien. Mon défunt père y avait été un éminent professeur et les gens voyaient en moi « le fils de ». Cela avait été très difficile de me défaire de cette image, même si j’avais toujours été fier de ce qu’avait accompli mon père en ces lieux. C’était une des raisons pour lesquelles j’avais lourdement insisté pour que je puisse y faire mon internat. Mais très vite, j’avais eu l’impression de ne pas être à ma place. Je m’entendais parfaitement avec chaque membre de mon équipe et j’adorais mon métier, aider les gens et les soigner étaient pour moi une réelle source de satisfaction. Mais malgré la réputation de l’hôpital et les urgences qui ne désemplissaient pas, j’avais l’impression qu’il manquait quelque chose à ma vie. Un manque que je n’arrivais pas à m’expliquer.

Un matin, j’étais rentré chez moi après une nuit assez éprouvante. J’étais terrassé par la fatigue, mais je n’arrivais pas à trouver le sommeil. J’avais décidé de m’installer devant la télévision pensant qu’un programme quelconque m’aiderait peut-être à m’endormir.
Alors que je jouais avec la télécommande en zappant continuellement, mon attention s’était arrêtée sur un reportage sur les Médecins Sans Frontières. Et là, alors que j’écoutais pieusement l’interview d’un médecin expliquant les raisons pour lesquelles il avait choisi de travailler chez M.S.F., j’avais pris conscience que cette vie pouvait être la mienne : être sur le terrain, aider des gens qui avaient tout perdu et qui méritaient des soins aussi efficaces que dans les hôpitaux des pays développés.

Le lendemain matin, j’avais confié mon souhait de postuler en tant que Médecin Sans Frontières à mon confrère et meilleur ami, Caleb.
- Mais t’es fou ! Arrête de dire des âneries plus grosses que toi (j’avais soupiré). Qui voudrait se retrouver dans un endroit infecté de moustiques aussi gros que mon poing, où les gens sont plus que malheureux et miséreux ?
Caleb avait toujours cette propension à exagérer sur tout.
- Moi ! m’étais-je exclamé. Ces gens malheureux et miséreux, comme tu dis, ont besoin de nous. Nous pouvons leur apporter la qualité de soins qu’ils n’ont pas dans leur pays.
- Tu t’rends pas compte de ce que tu dis, Harrisson. Ecoute, je sais parfaitement ce que tu ressens : les gens, ici, te perçoivent comme étant le fils de ton père. Tu es un excellent médecin et tu es sûrement promis à un brillant avenir. Mais les M.S.F. ?! Tu peux très bien faire de grandes choses ici en France, pas besoin de partir à l’autre bout du monde pour te sentir accompli ou entier (J’avais levé les yeux au ciel). Nous travaillons dans un excellent hôpital et …
- Nous savons tous les deux pourquoi tu adores ces lieux, lui avais-je coupé la parole en souriant. C’est un lieu de chasse des plus profitables pour toi : tu es un vrai Dom Juan.
A cet instant, une infirmière en blouse blanche était passée devant nous et mon ami n’avait pu se retenir de la dévorer des yeux. J’avais toussé histoire de lui rappeler ma présence.
- Quoi ? Ce n’est quand même pas ma faute si elles trouvent en moi un confident exceptionnel et généreux, m’avait-il répondu avec un air faussement innocent. Comment peux-tu vivre loin de ces créatures à la beauté ensorcelante ? (Nos bips avaient retenti à l’unisson). Tu ne vas tout de même pas prendre ta décision dans la minute qui suit ? Tu me connais : quoique tu décides, je me rangerai de ton côté.
- Merci Cal, je n’en attendais pas moins de ta part, mon pote, lui avais-je répondu avec un petit clin d’œil.
Mais je savais en mon for intérieur que j’avais déjà pris ma décision : je deviendrai Médecin Sans Frontières. Nous nous étions engouffrés dans la frénésie « de la mine » des urgences.

Quelques semaines plus tard, Caleb m’apprenait qu’il avait décidé de se joindre à moi. Au début, j’étais un peu surpris, j’avais toujours cru qu’il suivrait les traces de son père, grand cardiologue. Mais je comprenais que c’était sa façon à lui de se rebeller contre le giron paternel. Il m’avait expliqué qu’il ne pouvait rater une telle occasion : toutes ces femmes loin de leur famille et de leurs amis, tant de beautés à consoler. Mais c’était surtout parce qu’il me soutenait et qu’il ne pouvait pas m’abandonner. Caleb est le grand frère que je n’ai jamais eu. Et nous voilà, cinq ans après, à panser les plaies d’une guerre qui semble vouloir s’éterniser. Toute cette souffrance pour le contrôle de mines de diamants et de ventes d’armes…

Soudain des cris me sortent de mes pensées. Ils proviennent du terrain de jeux que nous avons aménagé dans le camp. Des enfants jouent au foot. Enfin… Ils essayent, car ils ont l’air de se disputer, accusant l’autre équipe de tricherie.
- Harrisson ! me crie un garçon d’une dizaine d’année. On n’arrive pas se mettre d’accord pour jouer, on a besoin d’un adulte pour arbitrer et…
- Mais non, n’importe quoi, minus, lui coupe un membre de l’équipe adversaire, qui est deux fois plus grand que lui. Pfff ! Vous avez besoin d’un adulte pour vous aider à gagner car vous êtes incapables de le faire sans tricher…
- Bien sûr que non, lui répond le garçonnet nullement impressionné par son adversaire. C’est vous les tricheurs.
S’en suit une petite bagarre entre les deux équipes. Au début, cela m’amuse de les voir se chamailler, à croire qu’ils ont oublié cette foutue guerre et qu’ils sont revenus à leurs jeux d’enfants. Mais voyant que la dispute commence en prendre une plus grande ampleur, j’y mets fin rapidement.
- Eh bien, je pense sérieusement que vous avez besoin d’un arbitre. Ainsi il n’y aura pas de tricherie, ni de bagarre, n’est-ce pas ?
J’observe les deux équipes qui se défient du regard et attends leur réponse.
- Alors ?
Tout le monde est d’accord avec mon idée et la partie reprend dans la joie et la bonne humeur.
Je me surprends à me laisser aller à leurs rires et leurs cris, tout cela est très innocent et rafraichissant. Et d’un seul coup, je vois les enfants se ruer sur moi avec des seaux d’eau… Je suis tombé dans un véritable traquenard…
- Ah mon héros ! Que ferais-je sans toi ? dis-je à Caleb
Il arrive en effet à mon secours, je ne l’ai pas entendu m’appeler dans tout ce brouhaha.
- Ouais, c’est ça, tu ne ferais pas grand-chose en effet. On est en retard, les autres nous attendent dans le hangar pour préparer notre expédition de demain (Je ne peux réfréner ma moue habituelle). T’inquiète pas je serai là et te protègerai. Ne suis-je pas ton Clark Kent ?
Nous rigolons et chahutons jusqu’au hangar où les autres nous attendent.


L’expédition en question consiste à aller secourir des victimes de la guerre civile dans l’arrière-pays sierra léonais. Une poignée de personnes est bloquée dans son village, coupée de tout. C’est une équipe, arrivée la veille, qui nous l’a annoncé. En survolant les environs, ils ont remarqué qu’en fait ces pauvres gens semblaient servir d’appâts pour les forces rebelles afin d’attirer dans un piège l’armée du pouvoir en place. Il est clair qu’en aucun cas nous ne pouvons laisser faire une chose pareille et nous décidons d’agir, malgré tout.
Lorsque nous arrivons au hangar, tous sont affairés aux taches qui leur sont attribuées. Mais déjà, Caleb n’a d’yeux que pour sa nouvelle conquête : Evelyn. Je l’autorise de la tête à aller la rejoindre. Quel vrai bourreau des cœurs... Mais je dois admettre que je n’ai jamais vu mon meilleur ami ainsi avec un membre du sexe opposé. La jeune infirmière, originaire d’Anchorage, lui a résisté pendant près de six mois. Et durant notre dernier Noël, elle a fini par céder à la cour « Dom-Juanesque » de Caleb. J’aurais cru qu’après cette victoire, Docteur Love passerait à une autre victime. Pourtant, Caleb et Evelyn s’épanouissent dans leur nouvelle histoire et roucoulent impudiquement malgré le chaos qui nous entoure. Comme quoi, même en enfer on peut tomber amoureux…

Je termine de vérifier pour la centième fois que nous sommes fin prêt pour le lendemain et je rejoins les autres au réfectoire. Je suis en retard pour le repas du soir. Je prends un plateau et m’installe en face des amoureux de l’année.
- Parle-moi encore de ton Alaska, demande Caleb.
- Tu sais déjà tout, lui répond Evelyn.
- Oui je sais, mais je ne me lasse pas de t’écouter encore et encore, supplie-t-il.
Je le regarde, suspicieux devant tant de mièvrerie. Ecœuré, je repose ma fourchette et bois une gorgée de bière. Evelyn regarde Caleb et lui sourit. La jeune américaine soupire.
- Peu d’endroits possèdent des paysages aussi fascinants que l’Alaska, commence la jeune infirmière. Le printemps naît dans un jade timide, s’épanouit le long des rivières cristallines et tout devient émeraude, pour mourir dans un vert olive. L’été arrive et tout se liquéfie dans un or subtil, où le Soleil au zénith vous éblouit.
Tout le monde, à notre table, a cessé de manger et un silence presque religieux prend place. Evelyn nous regarde et nos sourires l’incitent à continuer. Elle ferme les yeux.
- Alors le ciel se met à rugir la fin de l’été et les cieux s’embrasent. Ce sont les Dieux, qui, pour nous punir de nous être laissés aller à tant d’allégresse durant l’été, nous inondent d’éclairs. L’automne revêt son manteau de feu et les arbres, tels des crinières de lions, se balancent au gré des vents. Et puis l’hiver arrive et la neige recouvre tout. Aucun endroit en Alaska n’échappe à la Déesse Blanche. C’est comme si tout était redevenu pur et propre. La nuit éternelle s’installe avec le froid paralysant l’univers de chacun. Mais au milieu de ces ténèbres, surgissent de temps à autre des aurores boréales, remplissant nos cœurs d’espoir : les Dieux, finalement, ont pitié de nous.
Je peux imaginer le corps frigorifié de notre conteuse au milieu de la neige. Et là à cet instant, je n’ai qu’une seule envie c’est de la prendre dans mes bras pour la réchauffer et la protéger du froid glacial.
Evelyn est de taille moyenne avec de jolies rondeurs. Son visage jovial et sa peau mate mettent en valeur ses adorables fossettes quand elle sourit. Ses cheveux, noir corbeau, lui tombent dans le creux des reins. Caleb m’a confié que sa mère était d’origine Yupik, tribu indienne de l’Alaska. Elle est toujours de bonne humeur et prête à aider tout le monde : une vraie pile électrique sur pattes.
Evelyn, qui a gardé les yeux clos durant toute son histoire, les ouvre et découvre que des dizaines de visages la fixent avec un sourire béat. La jeune femme ne peut s’empêcher de sourire.
- Quel endroit magique et merveilleux pour élever nos futurs enfants.
Je manque de m’étouffer en attendant Caleb déblatérer ainsi. Cependant, il avait parlé tout bas et je suis le seul à l’avoir entendu.
- Es-tu malade ? Ca va ? je lui demande en lui mettant ma main au front.
- Oui, pourquoi ?
- As-tu conscience des âneries que tu viens de dire ? T’as de la chance que les autres n’aient rien entendu. Pense à ta réputation de briseur de cœurs.
Je me mets à rire. Réalisant, ce qu’il vient de dire, il me répond dans un fou rire :
- Ah, t’inquiète pas mon pote, je vais très bien. Je plaisantais.
Je le suis dans ses éclats de rires... loin d’être dupe. Je me réjouis de le voir aussi heureux.
- Pourquoi riez-vous ainsi ? nous questionne Evelyn, intriguée.
- Oh, c’est rien trésor, lui répond Caleb en la prenant sur ses genoux. C’est Harrisson qui s’est laissé prendre au jeu. Lui et son éternel romantisme, j’te jure. C’est que tu es une merveilleuse conteuse.
Sur ces mots, Caleb l’embrasse dans le cou. Je lève les yeux au ciel et décide qu’il est temps pour moi d’aller dormir, surtout en pensant à la journée qui nous attend. Je prends congé des tourtereaux et regagne ma tente.






En Afrique, il fait extrêmement chaud dans la journée, mais heureusement les nuits sont fraîches. En entrant sous ma tente, une bouffée d’air chaud me saute au visage, je suffoque. Il faut pourtant que je me repose. Je laisse ouverte l’entrée de mon palace et m’affale sur le lit. Les sons du camp viennent me bercer et je tombe dans un sommeil des plus profonds.


« Nous allons tous mourir ! », je pense.
Je sens l’appareil s’écraser au sol et s’effondrer sur nous.

Je me réveille en sursaut, le visage en sueur. D’un seul coup, un goût de rouille envahit ma bouche : je me suis mordu la langue durant mon cauchemar. Je prends de longues inspirations pour me détendre et essaie de recouvrir une respiration plus régulière.

Après quelques minutes, je me rendors. 
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